L’histoire de la marque italienne Moto Guzzi commence lorsque trois jeunes gens d’origines fort diverses, Giorgio Parodi, Giovanni Ravelli et Carlo Guzzi se retrouvèrent enrôlés, au cours de la Première Guerre mondiale, dans la même escadrille. C’est là qu’ils projetèrent en commun de se lancer dans la fabrication de motos une fois les hostilités terminées.
Mais le destin ne voulut pas qu’il en soit ainsi : quelques jours avant la fin de la guerre, l’avion de Ravelli fut abattu.
En souvenir, Guzzi et Parodi adoptèrent l’aigle, symbole de leur escadrille, en guise d’emblème de la marque qui porta le nom de Guzzi. Parodi apporta essentiellement le financement nécessaire au démarrage de l’affaire.
Ces débuts sous les auspices de l’aviation expliquent pourquoi nombre de modèles de Moto Guzzi reçurent des noms d’oiseaux, un peu comme chez les avionneurs de l’entre-deux-guerres : on peut citer les 500 Falcone (faucon) et Condor, la 250 de course Albatros, sa demi-sœur routière l’Airone (héron), le scooter Galletto (coq), le petit vélomoteur Cardellino (chardonneret), etc.
L’usine de Mandello del Lario est installée tout près du lac de Côme, c’est la raison pour laquelle un très actif club d’aviron (Canottieri della Moto Guzzi) fut créé au sein de l’entreprise et prospéra, tant sous le fascisme (les ouvriers étaient encouragés à faire du sport dans le cas de l’œuvre du Doppolavoro) qu’après la guerre où le PCI et l’Église catholique rivalisèrent pour encourager des clubs sportifs sous leur obédience. Le charismatique ingénieur en chef de l’usine Giulio Cesare Carcano était un mordu d’aviron, puis ensuite de voile, disputant maintes fois la course de la Giraglia ; il mit au point une technique originale pour optimiser la cadence et l’efficacité des rameurs, ce qui permit au 4 sans barreur mené par quatre ouvriers de l’usine, Moioli, Invernizzi, Morille et Faggi, de décrocher la médaille d’or aux JO de Londres de 1948.
Signe d’une époque où le sport olympique était régi par l’amateurisme, ces quatre ouvriers devenus des stars du monde sportif reçurent des récompenses modestes : Carlo Guzzi leur fit cadeau à chacun d’une petite moto de 175 cm3 et de huit jours supplémentaires de congés payés.