La Maison Rouge accueille actuellement une exposition vivante et dynamique qui explore les contre-cultures des années qui ont suivi 1968 jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989. Cette exposition éclectique, organisée par Guillaume Dessange et François Piron, présente un mélange d’affiches, de magazines, de disques, de tracts et d’œuvres d’art. Des peintures de Michel Parmentier aux premières pages de Hara-Kiri, les visiteurs peuvent se plonger dans une gamme variée d’expressions artistiques. Entre nostalgie et plaisir, l’exposition nous fait voyager à travers les différentes formes de rébellion créative.
Le livre qui accompagne l’exposition, et qui porte le même titre, s’abstient de définir l' »esprit français » d’une manière étroite et essentialiste qui pourrait perpétuer la notion problématique d' »identité française ». En choisissant les années 1969-1989, les commissaires souhaitent dépasser le cliché d’un contraste saisissant entre l’atmosphère insouciante et contestataire des années 1970 et une période de repli sur soi et de désillusion politique. Ils présentent plutôt une perspective nuancée, décrivant l’ère française post-68 comme un mélange complexe d’innocence perdue et de désespoir, suite à la disparition des idéaux utopiques des années 1960. Ils soulignent la transformation de la révolution collective du Grand Soir.
Outre les artistes connus qui ont représenté l’esprit contestataire de l’époque et sont entrés dans l’histoire de l’art des musées, tels que Michel Journiac, Annette Messager, ORLAN, Claude Lévêque et Jacques Monory, des voix moins connues du monde de l’art sont de plus en plus reconnues.
C’est le cas de la coopérative Malassis, dont les actions lors de l’exposition Pompidou ont ouvert un espace à l’art contestataire et marginal. Les commissaires ont décrit ces approches alternatives comme des « méthodes non conventionnelles : figuration, caricature, ethnographie et activisme politique ». Ce livre raconte l’histoire captivante de ces années, remplies à la fois de joie et de désespoir, à travers les expériences d’individus et de collectifs. Il aborde différents sujets, tels que l’entrée inattendue de Coluche dans les élections présidentielles, le culte de la muse underground Marie France, l’histoire tragique de l’institutrice Gabrielle Russier, le travail de Jean Oury et Félix Guattari à la clinique de La Borde, l’émergence du RAP (Rock against police), le magazine controversé Hara-Kiri, le mouvement artistique dissident Bazooka, les violences policières, la marche pour l’égalité contre le racisme en 1983, ainsi que l’ascension et la chute de l’emblématique boîte de nuit Le Palace.